
assise sur la Jérusalem céleste
Portail Sainte-Anne © Julie de Lagaye
Marie Reine des Cieux
Sur le plus haut des linteaux du tympan du portail Sainte‑Anne, la Vierge Marie, assise sur la Cité Sainte, est représentée en une attitude très digne et très droite, pleine de majesté, avec une couronne sur sa tête auréolée, un sceptre dans une main et l’enfant Jésus sur ses genoux comme le veut la tradition médiévale. Bien que cette représentation de la Vierge Marie en reine des Cieux soit fréquente dans l’art roman, aucune allusion n’y est faite dans la Bible, ni dans nos textes apocryphes. Un passage dans le livre de l’Apocalypse fait bien allusion à une dame dans les cieux (Ap 12, 5‑6) mais rien ne prouve qu’il ne s’agisse d’une allégorie.
Toutefois, quelques textes mentionnent la pureté du corps de Marie qui est élevé aux cieux sans passer par la mort. Certains textes parlent de Dormition d’autres d’Assomption. Le terme de Dormition évoque l’endormissement, c’est-à-dire le sommeil de Marie — et non sa mort — avec l’élévation de son âme seule, sans son corps. L’Assomption vient du latin assumptio signifiant l’action de choisir quelqu’un ; ici, Marie a été mise à part au ciel. Dans l’Assomption, Marie sans péché, échappe au pourrissement de son corps et est élevée en corps et en âme au ciel.
Dans la Dormition de Marie du Pseudo-Jean, texte du ve siècle, rédigé en grec, Jésus annonce à sa mère que son « âme sainte » sera élevée aux cieux :
Le Livre du Passage de la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, est un texte apocryphe grec de la fin du IVe siècle, il est aussi appelé Transitus Mariae — Transitus signifiant passage en latin — raconte également l’Assomption de la Vierge Marie mais cette fois‑ci, à la demande des apôtres, son corps grâce à sa pureté, son corps est élevée avec elle :
L’archange Michel emmène l’âme et, au même moment, l’archange Gabriel emporte son corps, tandis que le Christ lui dit :
Ces deux anges sont présents sur le tympan Sainte-Anne, avec des encensoirs pour glorifier Marie et l’enfant Jésus sur ses genoux. Quant au moine, à l’évêque et au roi qui l’encadrent, les avis sont partagés. Pour les uns, ce seraient l’abbé Suger, l’évêque Maurice de Sully et le roi Louis VII qui firent édifier la cathédrale. Mais pour d’autres, l’évêque serait saint Germain, évêque de Paris au ve siècle ; quant au roi, ce serait le roi de Paris, Childebert Ier, fils de Clovis, roi de Paris qui fonda l’abbaye Saint‑Germain‑des‑Près.
Mais quels que soient ces personnages entourant la Vierge, leur présence nous rappelle que même les plus grands — évêques et rois — reconnaissent en elle celle par qui a pu se faire l’incarnation du Sauveur de l’humanité.