Portail Sainte-Anne 11 — Annonciation à Marie

L’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle enfantera, par l’Esprit-Saint, le fils du Très-Haut. Sur le tympan de Notre-Dame, l’ange est accompagné du prophète Isaïe qui a prédit la naissance de l’envoyé de Dieu par une vierge.
Portail Sainte-Anne © Julie de Lagaye

Annonciation de l’ange Gabriel à Marie

Le Protévangile de Jacques, l’Évangile du Pseudo‑Matthieu et le Livre de la Nativité rejoignent le texte canonique de l’évangile de Luc (Lc 1, 26-39) pour décrire l’annonciation de la naissance de Jésus par l’ange Gabriel, en apportant quelques détails.

Si l’évangile de Luc ne donne aucune précision sur les circonstances de l’apparition de l’ange, le Protévangile et le Pseudo‑Matthieu précisent qu’elle allait puiser de l’eau avec sa cruche, ce qui n’est pas sans rappeler plusieurs passages bibliques où la fontaine, le puits sont souvent des lieux de rencontres (cf. rencontre de Jacob avec Rachel, Jésus et la Samaritaine, etc.).

Au contraire, le Livre de la Nativité, précise que l’ange vint la voir dans sa chambre. C’est pourquoi, elle est souvent représentée chez elle en train de lire des textes bibliques ou tissant le voile du Temple comme le lui avait demandé le grand prêtre.

L’annonce de l’ange reste à peu près similaire à travers les différentes versions : l’ange rassure Marie et lui annonce qu’elle engendrera un enfant appelé fils du « Très-Haut ». Dans le Pseudo‑Matthieu, l’ange Gabriel fait même une très belle déclaration à Marie :

« Voici que la lumière viendra du ciel pour habiter en toi et pour que, par toi, elle resplendisse sur le monde entier. » (Pseudo‑Matthieu IX)

Quelle que soit la version, Marie est prise de frayeur. Le Livre de la Nativité précise que les raisons de cette frayeur ne sont pas dues à la vue de l’ange car elle en voyait déjà au Temple mais à ses paroles car elle qui voulait rester chaste, redoute d’engendrer à son tour :

La Vierge, qui connaissait déjà bien les visages des anges et n’était pas inaccoutumée à la lumière céleste, ne fut ni effrayée par la vision de l’ange, ni stupéfaite de l’intensité de la lumière. Mais elle fut troublée par sa seule parole…

Dans tous les cas, l’ange rassure Marie et lui annonce qu’elle sera enceinte sans la nécessité d’un homme mais juste avec la présence de l’Esprit‑Saint.

L’ange Gabriel a été choisi comme ange de l’annonciation car c’est celui qui annonce les promesses divines aux humains ouvrant leur esprit à Dieu, comme avec le prophète Daniel (Dn 9, 21) ou le prêtre Zacharie (Lc 1, 19). L’ange Gabriel est également présent dans le Coran où il annonce sa mission au futur prophète Mahomet :

Ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée que lui a enseigné l’Ange Gabriel à la force prodigieuse. (Coran 53, 4‑5)

À Notre-Dame, un saint homme déroulant un rouleau est représenté à côté de l’ange Gabriel. Il s’agit du prophète Isaïe qui avait annoncé la venue du Sauveur :

C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. (Is 7, 14)

Marie accepte cette mission en se définissant comme « servante du Seigneur »

Sources évangéliques

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.

Il entra et lui dit : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. »

Mais Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? »

L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile; car rien n’est impossible à Dieu. »

Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » Et l’ange la quitta.

Luc 1, 26‑38

Sources apocryphes

Or elle prit sa cruche et sortit pour puiser de l’eau. Alors une voix retentit : « Réjouis-toi, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie parmi les femmes. ».

Marie regardait à droite et à gauche : d’où venait donc cette voix ? Pleine de frayeur, elle rentra chez elle, posa sa cruche, reprit la pourpre, s’assit sur sa chaise et se remit à filer.

Et voici qu’un ange debout devant elle disait : « Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant le Maître de toute chose. Tu concevras de son Verbe. »

Ces paroles jetèrent Marie dans le désarroi. « Concevrai-je, moi, du Seigneur, dit-elle, du Dieu vivant, et enfanterai-je comme toute femme ? »

Et voici que l’ange, toujours devant elle, lui répondit : « Non, Marie. Car la puissance de Dieu te prendra sous son ombre. Aussi le saint enfant qui naîtra sera-t-il appelé le fils du Très-Haut. Tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. »

Et Marie dit alors : « Me voici devant lui sa servante ! Qu’il m’advienne selon ta parole. »

Protévangile de Jacques XI, 1-3

Or, le lendemain, comme Marie se tenait près de la fontaine pour remplir sa cruche, un ange apparut et lui dit : « Tu es bienheureuse, Marie, parce que dans ton cœur tu as préparé une demeure pour Dieu. Voici que la lumière viendra du ciel pour habiter en toi et pour que, par toi, elle resplendisse sur le monde entier. »

De même, le troisième jour, alors qu’elle travaillait la pourpre de ses doigts, il se présenta à elle un jeune homme dont la beauté ne pouvait être contée. Le voyant, Marie fut prise d’effroi et tressaillit. Et il lui dit : « Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras un roi qui gouverne non seulement sur terre, mais aussi dans les cieux, et qui régnera dans les siècles des siècles. »

Évangile du Pseudo‑Matthieu IX

En ces jours, c’est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée, l’ange Gabriel fut envoyé vers elle par Dieu pour lui faire savoir la conception du Seigneur et lui en exposer le déroulement ou la manière. C’est ainsi qu’en entrant chez elle il remplit la chambre où elle se trouvait d’une immense lumière et, la saluant avec beaucoup de joie, il lui dit : « Je te salue Marie, vierge très agréable au Seigneur, vierge pleine de grâce, le Seigneur et avec toi, tu es bénie par-dessus toutes les femmes, bénie par-dessus tous les êtres humains qui sont nés jusqu’à présent. »

La Vierge, qui connaissait déjà bien les visages des anges et n’était pas inaccoutumée à la lumière céleste, ne fut ni effrayée par la vision de l’ange, ni stupéfaite de l’intensité de la lumière. Mais elle fut troublée par sa seule parole et elle se mit à penser à ce que pouvait signifier cette salutation si insolite, ce qu’elle cachait, à quel but elle mènerait.

L’ange, divinement inspiré, répondit à sa pensée en disant : « Ne crains pas, Marie, que cette salutation cache quelque chose de contraire à ta chasteté. En effet, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Parce que tu as choisi la chasteté de la virginité, tu concevras sans péchés, tu enfanteras un fils. Il sera grand parce qu’il régnera de la mer jusqu’à la mer et du fleuve jusqu’aux confins de la terre, et il sera appelé le Fils du Très-Haut, parce que celui qui naît sur terre dans l’humilité règne au ciel avec le Père dans la grandeur. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. Lui-même, en effet, est Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et son trône subsiste dans les siècles des siècles. »

À ces paroles de l’ange, la Vierge répondit, non qu’elle fût incrédule, mais parce qu’elle voulait connaître la manière : « Comment cela pourra-t-il se faire ? En effet, puisque moi-même, selon mon vœu, je ne connaîtrai jamais un homme, comment puis-je concevoir sans suivre les usages humains, ou enfanter sans le secours d’une semence virile ? »

À cela l’ange répondit : « Ne pense pas, Marie, que tu concevras de manière humaine ; en effet, c’est sans union avec un homme que vierge tu concevras, vierge tu enfanteras, vierge tu nourriras. En effet, le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre contre toutes les ardeurs de la passion. C’est pourquoi aussi l’être qui naîtra de toi ? Seul saint puisque seul conçu et né sans péché ? sera appelé Fils de Dieu. »

Alors Marie, les mains étendues et les yeux levés au ciel, dit : « Voici la servante du Seigneur ? En effet je ne suis pas digne du nom de mère. Qu’il m’advienne selon ta parole. »

Livre de la Nativité, paragraphe 8