
Portail Sainte-Anne © Julie de Lagaye
Un ange annonce à Anne sa future maternité
Alors que Anne se lamentait dans son jardin de ne pas avoir d’enfants — contrairement à tous les animaux sont féconds — un ange lui apparaît pour la rassurer et lui dit que sa prière a été exaucée et qu’elle enfantera bientôt. Heureuse, elle fait la promesse de faire don de l’enfant — qu’il soit un garçon où une fille — à Dieu afin qu’il Le serve tous les jours de sa vie.
À noter que, sur le tympan de Notre‑Dame de Paris, Joachim est à côté de Anne lors de l’annonciation de l’ange, alors que, dans les textes apocryphes, Joachim est toujours dans le désert avec son troupeau.
Sources apocryphes
Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier et s’assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître : « Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. »
Levant les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt elle se remit à gémir : « Las, disait-elle, qui m’a engendrée et de quel sein suis-je sortie ? Je suis née, maudite devant les fils d’Israël. On m’a insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu.
Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? Non plus aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant ta face, Seigneur.
Las, à quoi se compare mon sort ? À ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur. »
Et voici qu’un ange du Seigneur parut, disant : « Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l’on parlera de ta postérité dans la terre entière. » Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. »
Et tandis qu’elle disait cela, tout à coup apparut devant elle un ange du Seigneur, disant : » Ne crains point, Anne, parce qu’un rejeton issu de toi est dans le dessein de Dieu ; et l’enfant qui naîtra de toi sera un objet d’admiration à tous les siècles jusqu’à la fin « . Et après avoir prononcé ces paroles, il disparut de devant ses yeux. Or celle-ci, tremblante et épouvantée d’avoir eu une pareille vision et d’avoir entendu un pareil discours, entra dans sa chambre et se jeta sur son lit comme morte et durant tout le jour et toute la nuit, elle demeura en prière et dans une grande frayeur.
Ensuite elle appela à elle sa servante et lui dit : « Tu me vois désolé de mon veuvage et plongée dans la détresse, et tu n’as même pas voulu venir vers moi ? » Et celle-ci lui répondit en murmurant : « Si Dieu a fermé tes entrailles et s’il a éloigné de toi ton époux, que puis-je faire pour toi? » Et en entendant ces paroles, Anne pleurait davantage.