Portail Sainte-Anne 05 — Un ange annonce à Joachim que Anne est enceinte

L’ange annonce à Joachim que sa femme Anne est enceinte d’une fille qui s’appellera Marie «et sera la mère du Très-Haut »
Portail Sainte-Anne © Julie de Lagaye

Un ange annonce à Joachim que Anne est enceinte

Alors que Joachim fait paître ses troupeaux dans la montagne, un ange — présenté comme un être humain dans l’Évangile du Pseudo‑Mathieu mais comme un être merveilleux qui apparaît« dans une immense lumière » dans le Livre de la Nativité — apparaît à Joachim qu’il prend d’abord pour un jeune homme. Celui‑ci le réconforte et lui annonce que son épouse, Anne, est enceinte et sera « mère d’une bénédiction éternelle » (Pseudo‑Matthieu 3, 3). Malgré le mépris des prêtres au temple et des gens de sa tribu, Joachim n’est pas oublié de Dieu. Alors que, à la demande de l’ange, Joachim offre un sacrifice à Dieu, l’ange profite de la fumée pour s’élever, lui aussi, vers le ciel.

Dans le Livre de la Nativité, il est même précisé que, s’il ferme un sein — c’est‑à‑dire si une femme est stérile —, « il le fait pour l’ouvrir plus miraculeusement ensuite et pour que l’on sache que ce qui naît n’est pas le fruit de la concupiscence, mais un don divin ».  Ainsi, la stérilité d’Anne était nécessaire pour annoncer l’origine miraculeuse de la Vierge Marie.

L’apparition de l’ange n’est pas mentionnée dans le Protévangile de Jacques mais est très développée dans le pseudo-évangile de Mathieu. Alors que Joachim se présente comme le serviteur de cet ange, celui‑ci lui répond : « Ne te dis pas mon serviteur mais mon compagnon ; car nous sommes les serviteurs d’un même maître » (Pseudo‑Matthieu 3, 3), montrant ainsi la proximité spirituelle entre l’ange et Joachim, tous deux serviteurs de Dieu.

Dans le Livre de la Nativité, l’ange révèle à Joachim la destinée de cet enfant qu’attend Anne. Elle sera une fille appelée Marie et sera mise à part, au service du Temple de Dieu et « jamais après elle non plus il n’en viendra de semblable à elle en ce monde. » (Pseudo‑Matthieu 3, 2) et « elle engendrera de façon incomparable le fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus : son nom indique qu’il sera le sauveur de toutes les nations » (Livre de la Nativité, paragraphe 3)

Joachim et ses bergers rendent grâce à Dieu et décident donc de retourner à Jérusalem.

Sources apocryphes

En ce même temps un jeune homme apparut dans les montagnes où Joachim faisait paître ses troupeaux, et lui dit : « Pourquoi ne retournes-tu plus auprès de ta femme?  » Et Joachim répondit : « Pendant vingt ans je l’ai eue pour compagne ; mais maintenant, parce que Dieu n’a pas voulu que j’eusse d’elle des enfants, j’ai été chassé du temple de Dieu avec ignominie ; pourquoi retournerais-je auprès d’elle, après avoir été une fois repoussé et dédaigné ? Je resterai donc ici avec mes brebis, aussi longtemps que Dieu voudra bien m’accorder la lumière de ce monde ; cependant, par l’intermédiaire de mes serviteurs, je rendrai volontiers leur part aux pauvres, aux veuves, aux orphelins et aux ministres de Dieu ».

Et lorsqu’il eut dit ces paroles, le jeune homme lui répondit : « Je suis un ange de Dieu ; j’ai apparu aujourd’hui à ta femme qui pleurait et qui priait, et je l’ai consolée ; sache qu’elle a conçu de toi une fille. Celle-ci demeurera dans le temple de Dieu, et le Saint-Esprit reposera en elle ; et son bonheur sera plus grand que celui de toutes les saintes femmes, de sorte que nul ne pourra dire qu’il y eut une telle femme avant elle, mais jamais après elle non plus il n’en viendra de semblable à elle en ce monde. Descends donc des montagnes et retourne auprès de ta femme, et tu la trouveras ayant conçu dans ses entrailles ; car Dieu a suscité en elle une progéniture, aussi dois-tu lui en rendre grâce, et cette progéniture sera bénie, et Anne elle-même sera bénie et sera établie mère d’une bénédiction éternelle ».

Et Joachim l’adorant lui dit : « Si j’ai trouvé grâce devant toi, assieds-toi quelque temps sous ma tente et bénis-moi, moi qui suis ton serviteur ». Et l’ange lui dit : « Ne te dis pas mon serviteur mais mon compagnon ; car nous sommes les serviteurs d’un même maître. Ma nourriture est invisible, et ma boisson ne peut pas être aperçue par les mortels. Et c’est pourquoi tu ne dois pas me demander que j’entre sous ta tente ; mais ce que tu voulais me donner, offre le en holocauste à Dieu ». Alors Joachim prit un agneau sans tache et dit à l’ange : « Je n’aurais pas osé offrir un holocauste à Dieu si ton ordre ne m’avait pas donné le pouvoir de sacrifier ». Et l’ange lui dit : « Moi de mon côté je ne t’inviterais pas à offrir un sacrifice, si je ne connaissais la volonté du Seigneur ». Or il arriva que, tandis que Joachim offrait son sacrifice à Dieu, en même temps que l’odeur du sacrifice et pour ainsi dire avec la fumée, l’ange s’éleva vers le ciel.

Alors Joachim tomba la face contre terre, et il resta prosterné depuis la sixième heure du jour jusqu’au soir. Or à leur arrivée, ses serviteurs et ses journaliers, ignorant ce qui s’était passé, s’effrayèrent, pensant qu’il voulait se tuer ; ils s’approchèrent de lui et le relevèrent avec peine. Lorsqu’il leur eut raconté ce qu’il avait vu, ils furent frappés d’une grande frayeur et d’admiration, et ils l’exhortèrent à exécuter sans retard l’ordre de l’ange et à retourner promptement auprès de sa femme. Et tandis que Joachim examinait dans son esprit s’il devait retourner, il arriva qu’il fut pris de sommeil et voici que l’ange qui lui était apparu quand il était éveillé lui apparut encore, pendant qu’il dormait, disant : « Je suis l’ange que Dieu t’a donné pour gardien ; descends en toute sécurité et retourne auprès d’Anne, parce que les œuvres de charité que toi et ta femme vous avez faites ont été proclamées en présence du Très-Haut, et il vous a été donné une postérité telle que jamais ni les prophètes ni les saints n’en ont eu depuis le commencement et qu’ils n’en auront jamais ». Et lorsque Joachim se fut réveillé de son sommeil, il appela auprès de lui les gardiens de ses troupeaux et il leur fit connaître son songe. Et ils adorèrent le Seigneur et ils dirent à Joachim : « Prends garde de résister davantage à l’ange du Seigneur ; mais lève-toi ; partons, et allons lentement tout en faisant paître les troupeaux ».

Évangile du Pseudo‑Matthieu 3, 1‑4
Mais, alors qu’il y séjournait depuis un certain temps, un jour où il était seul, un ange du Seigneur lui apparut dans une immense lumière. Comme il était troublé devant cette vision, l’ange qui lui était apparu apaisa sa peur en disant : « Ne crains pas, Joachim, ne sois pas troublé par ma vue. Je suis en effet un ange que le Seigneur t’envoie pour t’annoncer que tes prières sont exaucées et que tes aumônes sont montées devant lui. Il a regardé et vu ta pudeur, et il a entendu le reproche de stérilité qui te fut adressé injustement. Car Dieu est le vengeur du péché, non pas de la nature. Aussi, lorsqu’il ferme un sein, il le fait pour l’ouvrir plus miraculeusement ensuite et pour que l’on sache que ce qui naît n’est pas le fruit de la concupiscence, mais un don divin. La première mère de votre nation, Sara, ne fut-elle pas inféconde jusqu’à ses quatre-vingts ans ? Et pourtant, dans une vieillesse avancée, elle a mis au monde un fils, Isaac, à qui avait été promise la bénédiction de toutes les nations. Et Rachel, tellement agréable au Seigneur, tant aimée par saint Jacob, fut elle aussi longtemps stérile, et elle a néanmoins donné naissance à Joseph, non seulement seigneur d’Égypte, mais aussi libérateur de très nombreuses nations menacées par la faim. Qui parmi les chefs fut plus fort que Samson ou plus saint que Samuel ? Et pourtant ils ont eu tous les deux des mères stériles. Si la raison ne te convainc pas de donner foi à mes mots, donne au moins créance aux exemples qui montrent que les conceptions longtemps différées et les naissances stériles sont d’habitude plus miraculeuses. Aussi ta femme Anne enfantera‑t‑elle pour toi une fille, et tu lui donneras le nom de Marie. Elle sera consacrée au Seigneur dès son enfance, comme vous l’avez promis, et elle sera remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien d’impur, et elle ne vivra pas parmi le peuple, au-dehors, mais dans le Temple du Seigneur, pour qu’on ne puisse rien ni dire ni même soupçonner de méchant à son sujet. Et avec le progrès de l’âge, de même qu’elle naîtra de façon miraculeuse d’une femme stérile, de même, vierge, elle engendrera de façon incomparable le fils du Très-Haut, qui sera appelé Jésus : son nom indique qu’il sera le sauveur de toutes les nations.Et voici le signe de ce que je t’annonce : quand tu arriveras à la porte Dorée de Jérusalem, tu rencontreras ta femme Anne, qui, pour l’instant pleine d’inquiétude à cause du retard de ton retour, se réjouira alors à ta vue. » Sur ces mots, l’ange le quitta.
Livre de la Nativité, paragraphe 3