
Portail Sainte-Anne © Julie de Lagaye
Marie gravie les quinze marches du temple de Jérusalem
À Notre-Dame de Paris, le portail Sainte‑Anne ne contient aucune représentation de la Nativité de la Vierge Marie ni des miracles qui y eurent lieu comme les sept pas que fit Marie à l’âge de six mois (Protévangile de Jacques 6, 1) ni la bénédiction suprême qu’elle reçut des grands prêtres (Protévangile de Jacques 6, 2). Sur le tympan Sainte‑Anne, le récit se poursuit lorsque Marie eut trois ans.
Suivant l’annonce de l’ange du Livre de la Nativité qui annonçait que Marie sera mise à part dans le Temple de Jérusalem. Si l’évangile du Pseudo‑Matthieu laisse entendre qu’elle est entrée au temple dès la naissance, le Protévangile de Jacques et le livre de la Nativité précise qu’elle avait trois ans et qu’elle était toute heureuse de gravir les mes quinze marches du Temple après avoir été déposée sur la première marche. Ces quinze marches sont une allusion aux quinze psaumes (Ps 119 (120)-133 (134)) chantés par les pèlerins qui montaient au temple de Jérusalem.
Comme l’a annoncé l’ange, sa présence au Temple permettait à Marie de rester pure en étant protégée du monde extérieur, impur afin de rester pure et prête à engendrer le Fils du Très‑Haut (Livre de la Nativité, chapitre 3). Un ange ira même jusqu’à lui apporter de la nourriture dans l’enceinte du Temple.
Sources apocryphes
Les mois se succédèrent : l’enfant atteignit deux ans. Joachim dit : « Menons-la au temple du Seigneur, pour accomplir la promesse que nous avons faite. Sinon le Maître s’irriterait contre nous et rejetterait notre offrande. » Mais Anne répondit : « Attendons sa troisième année, de peur qu’elle ne réclame son père ou sa mère. » Joachim opina : « Attendons. »
L’enfant eut trois ans. Joachim dit : « Appelons les filles des Hébreux, celles qui sont sans tache. Que chacune prenne un flambeau et le tienne allumé : ainsi, Marie ne se retournera pas et son cœur ne sera pas retenu captif hors du temple du Seigneur. » L’ordre fut suivi, et elles montèrent au temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l’enfant et l’ayant embrassée, il la bénit et dit : « Le Seigneur Dieu a exalté ton nom parmi toutes les générations. En toi, au dernier des jours, le Seigneur manifestera la rédemption aux fils d’Israël. »
Et il la fit asseoir sur le troisième degré de l’autel. Et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle. Et ses pieds esquissèrent une danse et toute la maison d’Israël l’aima.
Ses parents descendirent, émerveillés, louant et glorifiant le Dieu souverain qui ne les avait pas dédaignés. Et Marie demeurait dans le temple du Seigneur, telle une colombe, et elle recevait sa nourriture de la main d’un ange.
Or après neuf mois accomplis, Anne mit au monde une fille et l’appela du nom de Marie. Et lorsqu’elle l’eut sevrée la troisième année, Joachim et sa femme Anne s’en allèrent ensemble au temple du Seigneur, et, tout en offrant des victimes au Seigneur, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu’elle habitât avec les vierges qui passaient le jour et la nuit à louer Dieu. Puis quand elle eut été placée devant le temple du Seigneur, elle gravit les quinze marches en courant, sans regarder en arrière, et sans demander ses parents, ainsi que le font d’ordinaire les enfants. Et ce fait frappa tout le monde d’étonnement, au point que les prêtres du temple eux-mêmes étaient dans l’admiration.
Alors Anne, remplie de l’Esprit Saint, dit en présence de tous : « Le Seigneur, le Dieu des armées, s’est souvenu de sa parole, et il a gratifié son peuple de sa visite bénie, afin d’humilier les nations qui se dressaient contre nous et de tourner leurs cours vers lui ; il a ouvert ses oreilles à nos prières et il a éloigné de nous les insultes de nos ennemis. Celle qui était stérile est devenue mère, et elle a engendré la joie et l’allégresse dans le peuple d’Israël. Voici que je pourrai offrir des présents au Seigneur, et mes ennemis ne pourront pas m’en empêcher. Que le Seigneur tourne leurs cœurs vers moi, et qu’il me donne une joie éternelle. »
Or Marie faisait l’admiration de tout le peuple. À l’âge de trois ans, elle marchait d’un pas si sûr, elle parlait si parfaitement et mettait tant d’ardeur à louer Dieu, qu’on l’aurait prise non pour une jeune enfant, mais pour une grande personne, et elle pouvait rester en prières comme si elle avait eu trente ans. Et son visage resplendissait comme la neige, au point que l’on pouvait à peine y attacher les regards. Elle s’appliquait au travail de la laine, et tout ce que les femmes âgées ne pouvaient faire elle était, dans un âge si tendre, en état de le faire.